Livre d'Or
Chemin vers la source
La grisaille et la guerre marquaient son enfance
Obscurcissant les tons de l’Italie d’alors ;
Les couleurs et les formes étaient en latence,
Attendant leur éveil dans la beauté et l’or.
Le toucher des tissus fait sentir à ses doigts
Des nuances sans fin la palette soyeuse ;
Le travail de ses mains efface et trouve quoi ?
La lumière de l’Un, découverte joyeuse.
Comment peut-il se faire qu’en ce cercle peint,
L’intime de la vie se laisse capter ?
La géométrie garde les portes du rêve,
La forme qu’elle donne s’estompe et s’astreint
Au silence discret qui voudrait se cacher –
Mais ce secret chuchote et fait couler la Sève.
Tony James
Celle que le monde sans cesse éblouit
Je suis Celle que rien n’arrête
Je suis Celle qui arrache aux morts leurs bandelettes
Je suis Celle qui n’a pas toléré de ne pas naître
Et que la haine puisse avoir le dernier mot pendant la guerre
Je suis Celle qui entre en trombe par les fenêtres ouvertes
Arrache les rideaux, décroche les volets
Je suis Celle aussi qui répare les toiles d’araignées déchirées
Qui s’alarme de quelques fourmis écrasées
Je suis Celle qui n’a peur de rien
Qui se lève et clame son indignation, sa colère
Devant les scandales du mépris
Je suis Celle aussi qu’une feuille effraie en tombant
Et qui se cache derrière la commode
Pour que personne ne la cherche ni ne la voit
Je suis celle que même la mort n’a pu faire mettre à genoux
Et qui court en enjambant les ruines
Je suis la lionne qui s’avance en rugissant
Mais aussi la lapine qui vit sous sa feuille de chou
Dans la rosée
Je suis Celle qui désormais n’a plus peur de vivre
Entre les chaises, entre les trônes.
Elle était blonde et lumineuse la mère qui m’a donné la vie,
Elle venait d’Ukraine
Il était fou de tendresse et de justesse, l’admirable père qui me donna la vie
Ensemble ils enjambèrent les charniers du siècle
Pour courir à travers toute l’Europe
Leur course éperdue est encore dans mes veines
Elle court, elle court la vie,
Cette vie qui m’habite
Qui la clouerait au pilori ?
Qui en suspendrait l’élan ?
Dans la ville de ma naissance tout était partance,
voiles claquées embruns salures
J’entrerai en trombe dans la mort
comme je suis entrée dans la vie
Je n’ai jamais stagné
Je suis d’ici et je suis d’ailleurs
Je suis Celle que le monde sans cesse éblouit
Quand je sors de ma maison je crie tout haut :
Je suis témoin Seigneur de la merveille de ton monde,
Je suis témoin
Jamais je n’ai laissé l’indifférence me gangrener
J’aime ouvrir les yeux des aveugles
Comme des âmes ailées m’ont ouvert les miens
Je suis Celle qui a osé se laisser rêver par ses fils
Je m’accommode de mon imperfection
Et je porte le flambeau de la mémoire des hommes
Et des femmes dont je suis le témoin vivant.
Autolouange écrite et proclamée par Christiane Singer à Bodhgaya – nouvel an 2000.
Publiée dans « Montre-toi vivant » Léonard Appel, en dialogue avec C. Singer ed. Le Passeur, Paris 2014
François Cheng
" Merci Edda pour ton accompagnement lors de ces moments de création qui nous tournent vers le Beau, la douceur et la bonté,
et, donc, pour nous croyants vers notre Dieu aimant ! "
Témoignage de Soeur Marie-Emmanuelle
Chanson les mandalas sur l’air des petits papiers